SOUTERRAINS & VESTIGES

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    Les représentations féminines réalisées en carrière durant la grande guerre

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    jeudi 29 mars 2007, par Eric L.

    L’exploitation des carrières est un univers exclusivement masculin. Depuis toujours, les carriers ont tracé sur les parois des exploitations nombre de citations, de dessins et parfois même de gravures. Rares sont sont les anciennes carrières qui ne comportent pas quelques traces. Outre les tableaux de carriers, et les noms des quartiers d’exploitation ou des principales galeries, on retrouve deux thèmes récurrents, la dive-bouteille et les références grivoises, ce qui n’est pas exceptionnel pour un univers masculin !. De nombreux témoignages de ce type ont été retrouvés et montrent une certaine constance de la Picardie au bassin aquitain.

    Mais, au final, les conditions de travail harassantes auxquelles étaient soumis les carriers ne laissaient que peu de temps aux ouvriers pour traduire leurs fantasmes sur la pierre. Il faudra attendre le premier conflit mondial pour voir apparaitre un véritable art érotique souterrain dans les lieux de stationnement des troupes françaises et parfois allemandes. En effet, l’éloignement de personnes féminines de la proximité immédiate du front et les longues heures d’attente dans les obscures carrières favoriseront l’apparition de fresques et de gravures, jamais vulgaires, sur le thème des femmes sur toute la ligne de front de l’Oise et de l’Aisne.

    Sans avoir la prétention de faire une revue exhaustive, cet article présentera quelques belles gravures et dessins sur ce thème, réalisées dans les carrières par les belligérants du premier conflit mondial.

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    Le rêve du Poilu

    Lorsque l’on arrive en terre picarde par le sud, en guise d’introduction à ce thème, un détour s’impose par un coteau boisé en bordure de la forêt Domaniale de Retz où s’ouvre les cavages d’une petite carrière, dont l’intérieur est au demeurant, sans grand intérêt.
    Par contre, devant l’un des cavages un superbe bas-relief a été gravé par un soldat de la compagnie de mitrailleurs du premier Régiment Etranger. La sculpture réalisée quasiment grandeur nature représente une femme nue couchée qui n’a pas pris une ride depuis plus de 90 ans.
    L’oeuvre est sous-titrée "Le rêve du Poilu", un rêve minéral fort agréable au regard ...

    Faisons maintenant un détour par la magnifique carrière des Chauffours située dans les bois de Thiescourt, qui a été exclusivement occupée par les troupes françaises entre 1914 et 1917. Au, total plus d’une cinquantaine de gravures, dont 33 représentations humaines sont visible dans cette carrière qui pourrait à elle seule faire l’objet d’un long article...

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    Médaillon (photo Grain d’Argent)

    Les trois reliefs les plus marquants de cette endroit concernant le thème ici abordé sont sans doute la représentation de la femme en sous-vêtements sculptée à proximité de l’entrée de la carrière ainsi que le superbe buste en demi-relief gravé à la façon d’un médaillon par un poilu de la 5ème compagnie.
    Enfin, le troisième, un peu à l’écart de la carrière souterraine est à moitié enfoui dans la végétation.
    Il s’agit d’un superbe bas-relief en deux partie gravé sur un rognon de calcaire à l’ouest de l’exploitation souterraine. Chacune des deux parties de l’oeuvre représente une femme chic, vêtue d’une robe longue et d’un large chapeau à voilette. L’ensemble surnommé "Les Parisiennes", peut-être en souvenir d’une permission dans la capitale de l’artiste qui a signé "Charnais". Détail amusant, sous la partie de gauche se trouve gravé dans la pierre "Zut ! Voila qu’il pleut".

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    Les parisiennes (photo Grain d’Argent)

    Miraculeusement, cette superbe fresque a pour l’instant été épargnée des vandales et du temps qui ont déjà eu raison de nombre de gravures de la carrière des Chauffours.

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    Carrière Saint-Blaise

    Transportons nous maintenant plus à l’est, sur le coteau occidental du chemin des Dames. Un cavage bien caché au détour d’un chemin carrossable permet d’accéder à la superbe carrière Saint-Blaise où les sculptures et dessins américains qui sont légion. Pas moins de 200 traces sur les 226 ont été réalisées par les hommes de la Yankee Division. Ici, les références patriotiques et historiques sont les plus représentées (drapeaux, blasons,etc.), mais on retrouve également quelques visages féminins et quelques nus, comme ce joli bas-relief d’environ 80 cm de haut, où sont encore lisibles les initiales de l’auteur ainsi que le prénom de la demoiselle...

    Continuons notre chemin vers l’est, et franchissons l’Ailette pour arriver jusqu’à une très ancienne carrière de pierre à bâtir. L’endroit a exclusivement été occupé par les troupes allemandes (bien que les populations locales s’y soient réfugiées au début de la guerre).

    Un peu partout, jusque dans les endroits les plus reculés les soldats y ont laissé, non des gravures, mais des inscriptions, principalement sous la forme de témoignages patronymiques ; seuls quelques portraits féminins ont été tracés avec gout par les soldats d’un régiment de Pionniers, mais quels dessins ! La finesse des traits et le précision du tracé sont de toute beauté ! 3 visages et une ébauche ont été dessinés sur le même mur. Celui présenté ici est l’oeuvre du soldat Kamps en 1918.

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    Détail de l’un des quatre portraits.

    On ne peut finir cette courte page, sans présenter quelques autres sculptures que nous avons trouvées lors de nos visites dans les creuttes de l’Oise ou du Soissonnais :

    Éparpillées un peu partout , ces gravures attendent le visiteur dans l’obscurité... Espérons, comme pour le reste de ce patrimoine souterrain, que ces sculptures ne finiront pas saccagées ou découpées par quelque collectionneur sans respect ...


    • Messages publiés : 2 (triés par date)
    •   1 -

      1er octobre 2007 18:53, par JFJ

      Bonjour,

      Une simple remarque au sujet du passage suivant touchant la carrière des Chauffours : « Il s’agit d’un superbe bas-relief en deux partie gravé sur un rognon de calcaire à l’ouest de l’exploitation souterraine. Chacune des deux parties de l’oeuvre représente une femme chic, vêtue d’une robe longue et d’un large chapeau à voilette. L’ensemble surnommé "Les Parisiennes", peut-être en souvenir d’une permission dans la capitale de l’artiste qui a signé "Charnais". Détail amusant, sous la partie de gauche se trouve gravé dans la pierre "Zut ! Voila qu’il pleut".

      La gravure « Zut ! Voilà qu’il pleut Â» est en fait la copie conforme d’un dessin paru dans un numéro de la revue illustrée La Vie parisienne dont on sait que les dessins « légers Â» ornaient souvent les cagnas et autres abris souterrains fréquentés par les soldats de la Grande Guerre.

      Cordialement,

      JFJ

    •   2 -

      13 février 2008 10:16, par Gérard Bès

      Bonjour, C’est avec plaisir que je viens de découvrir, un peu par hasard, votre article sur les fresques des carrières picardes. En effet, cette modeste fresque est l’oeuvre de mon grand père José BES qui s’était engagé lors de la première guerre mondiale. Né Barcelone, il travaillait Paris en qualité de photograveur. N’étant pas français lors de son engagement il avait été incorporé dans la légion étrangère. Je ne possède qu’une photo petit format qui doit dater des années 50 mais je vois avec plaisir que tout a été bien conservé. Il ne manque que les outils (pioche de tranchée et pic) dont les emplacements sont encore visibles.

      Je souhaite visiter cette fresque, pouvez vous m’indiquer l’endroit exact ou elle se trouve.

      Merci d’avance

      Gérard Bès