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Le tunnel Doublet

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lundi 3 août 2009, par Eric L.

Afin d’inaugurer la rubrique consacrée aux vestiges souterrains de l’Argonne, nous n’avons pas choisi l’endroit le plus connu. En effet, nous aurions pu écrire sur le Kaiser Tunnel ou sur la fameuse butte de Vauquois. Plutôt que cela, cet article est consacré à un "petit" tunnel Français creusé dans le secteur de la Haute-Chevauchée.

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Les lignes françaises aux abords du tunnel Doublet.

Depuis la stabilisation du front à l’automne 1914, le secteur du massif de la forêt d’Argonne a été confié à la 9e Division d’Infanterie. Elle restera en place jusqu’en septembre 1916. Durant deux années, cette division sera impliquée dans une des plus importante guerre de mines du front. Le secteur sera littéralement truffé, non seulement de galeries de mines offensives et défensives, amis également de profonds tunnels de liaison, dont le Doublet fait partie.
Plus précisément, dans le secteur qui nous intéresse, ce sont les troupes de la 17e Brigade, comprenant les 4e et 82e Régiments d’infanterie qui seront mis à rude épreuve. Ils seront appuyés par les compagnies 5/1, 5/2 et 5/2 bis du 1er Régiment du Génie. Les sapeurs du Génie sont commandés par le Capitaine Blanc, qui a laissé un remarquable témoignage sur la guerre souterraine en Argonne [1] .

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La galerie principale et la porte blindée.

Le tunnel Doublet (du nom du sous-lieutenant Emmanuel Doublet tué le 21 juillet 1916) creusé par les hommes du 82e RI et les sapeurs du Génie entre la fin 1915 et l’été 1916 présente plusieurs particularités.
Il s’agit d’un des rares ouvrages possédant une porte blindée encore visible dans la galerie principale. Cette porte, à charnières était prévue pour pouvoir se rabattre le long des parois du tunnel. D’autres modèles munis de galets roulaient sur une glissière et s’escamotaient dans une feuillure creusée le mur. La porte est constituée d’un noyau de bois emprisonné entre deux plaques d’acier. Deux embrasures de tir permettaient la défense de l’ouvrage.
Le but de ces portes, posées en 1917, était de se prémunir de toute intrusion ennemie dans les tunnels.
Une étude détaillée de ces portes et des systèmes défensifs des tunnels argonnais est présentée dans deux articles parus dans les bulletins de l’Association des Amis de Vauquois [2].

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La porte blindée à deux battants.

Le tunnel comporte également le vestige unique d’une chicane bétonnée protégeant la galerie principale. Cet aménagement a été décidé bien après le percement du tunnel, en janvier 1918 par le Général commandant le 60e Division d’Infanterie alors en poste dans le secteur [3]. Ces mesures défensives, ayant été demandées en prévision d’une importante offensive Allemande.

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La chicane bétonnée protégeant la galerie principale.

Ce tunnel, bien que de développement assez modeste, est un vestige particulièrement intéressant. Son entrée, perdue au milieu des bois reste difficile à trouver, le corolaire étant que cet ouvrage souterrain est bien préservé des dégradations.

Notes :

[1] Louis Blanc : La guerre de mine en Argonne Orientale en 1915 et 1916, paru dans la Revue VAUBAN n°16 et 17 (1967). Ces articles sont repris sur le site "Argonne 14-18"

[2] Guillaume Jacquinet : Le tunnel Peyrou-Leconte, parties 1 et 2. Bulletin des Amis de Vauquois n°55 et 56, 2007

[3] Service Historique de la Défense, 24N1461 et 24N1471