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    Règlements allemands relatifs à la guerre de positions pour toutes les armes - 2e partie : guerre de mines

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    mercredi 14 novembre 2007, par JFW

    25 juillet 1916 Paris Imprimerie nationale

    Traduit par la S.T.G. 19 avril 1916

    NOTA : L’exemplaire original communiqué à la S.T.G. portait la mention suivante soulignée : à ne pas emporter en première ligne - secret

    GENERALITES : 1 à 9 INSTALLATION D’UN SYSTEME DE MINES : 10 à 19 ORGANISATION DU SERVICE : 20 à 27 CONSTRUCTIONS DE GALERIES : 28 à 35 EVACUATION DES DEBLAIS : 36 à 38 EVACUATION DE L’EAU : 39 VENTILATION : 40 à 43 ECLAIRAGE : 44 SERVICE DES ECOUTEURS : 45 à 54 EXPOLOSION : 55 à 58 EXPLOSIFS : 59 CHARGEMENT : 60 à 37 CONDUITE EN CAS D’EXPLOSIONS : 68 à 74 SERVICE DE SAUVETAGE : 75 à 79

    GÉNÉRALITÉS

    1. Si la distance à laquelle se trouve l’adversaire, la nature du sol et le régime de la nappe souterraine permettent une guerre souterraine, il faut compter sur la possibilité d’une attaque ennemie par la mine - On ne peut y parer que par un système de mines exécuté méthodiquement avec des galeries de mines poussées vers l’avant sur lesquelles s’embranchent des galeries d’écoute poussées encore plus en avant.

    2. C’est une faute, dans la crainte d’une pénible guerre sous terre, d’attendre que l’adversaire soit arrivé à proximité de notre position. Il s’agit de ne pas lui laisser prendre la main et de miner sa position afin de la faire sauter. Dans la guerre de mines, l’offensive est la meilleure défense. Même aux endroits où nous sommes contraints temporairement à une défensive par la mine, il faut que toutes les mesures prises tendent à développer l’offensive.

    3. En général, l’attaque par la mine qui donnera les meilleurs résultats consistera à partir d’une galerie de mines qui, tout en étant couverte par notre propre position, permettra de pousser uniformément vers l’ennemi des galeries d’attaque en autant de points et à la profondeur que l’on veut. Cependant, l’attaque appuyée sur une galerie de mine commune n’est qu’un des nombreux cas possibles d’une guerre souterraine ; il faut adapter sans schéma l’esprit d’offensive à la situation tactique et aux circonstances locales. Le commandement supérieur et les commandants de secteur auront à faire un choix dans les méthodes qui s’offrent à eux et à se préoccuper, en donnant des ordres précis et en établissant strictement les responsabilités, d’obtenir le meilleur rendement et la coopération des différentes armes, en particulier de l’infanterie et des pionniers. Il y aura lieu, avant tout, de prévenir l’adversaire et de rendre vaine au moyen d’une attaque soudaine toute l’avance qu’il aurait pu gagner dans l’établissement d’un système de mines. . Le rôle des chefs de l’infanterie est d’aider, de toutes leurs forces, les officiers de pionniers.

    4. L’attaque par la mine qui détruit la position ennemie et que suit de près l’assaut exécuté par les troupes amies est la forme la plus puissante de la guerre de mines. Vient ensuite cette forme de la guerre de mines qui, sans être accompagnée de l’assaut immédiat, permet de détruire des points importants de la position ennemie, tels que points d’appui, fermes, organisations flanquantes, entrées des galeries, batteries de lance-bombes, etc. Il faut s’efforcer de diriger l’attaque de manière à faire subir à l’adversaire le plus de pertes possibles. Avant de faire jouer le fourneau, on l’attirera par un feu d’infanterie sur les parties du parapet que l’on veut détruire. Immédiatement avant l’explosion, on fera évacuer les parties de notre position avancée qui seraient menacées par les effets des explosifs. Par contre, il faudra occuper fortement les organisations qui flanquent cette partie de la position. Les troupes qui s’y trouvent devront néanmoins se protéger dans des abris, etc..., contre les débris provenant de l’explosion. Les instructions nécessaires seront données par le commandant de l’infanterie sur la proposition de l’officier de pionniers qui dirige l’opération. Immédiatement après l’explosion, les entonnoirs et les positions ennemies adjacentes seront vigoureusement arrosées par l’artillerie qui prendra sous son feu les amas d’hommes et les détachements qui s’enfuiraient.

    5. La défense passive par la mine, qui ne tend qu’à anéantir les troupes d’assaut ennemies par des explosions donnant des entonnoirs ou à arrêter le mineur ennemi au moyen de camouflets, est la forme la plus faible de la guerre de mines. On ne l’emploiera qu’en cas de nécessité.

    6. Les travaux des mineurs devront toujours être en liaison avec l’exploration au-dessus et au-dessous du sol.

    7. L’exploration au-dessus du sol comprend les observations par avions et ballons, les levers, l’observation provenant de la position même, les patrouilles. L’observation par avions sert, conjointement avec les levers des positions ennemie et amie, à se documenter sur les progrès des têtes de sapes qui peuvent servir d’entrée en galerie, puis sur toutes les tranchées ou les parties du terrain défilées qui se trouvent entre les deux positions. On complétera les levers par avions en y portant les données que l’on possède sur la position ami. L’observation provenant de la position amie portera en particulier sur les sapes et sur les changements probables survenus dans leurs têtes ; elle cherchera à discerner si l’on évacue des déblais chez l’adversaire, ceux-ci ne pouvant provenir que de travaux souterrains. Comme autres indices d’une attaque ennemie par la mine, on peut citer : l’emploi en masse des sacs à terre, l’apparition de grosses levées de terre, le renforcement des défenses accessoires devant les entrées en galeries soupçonnées. D’un ballon ou d’un observatoire élevé, on peut voir si les creux du sol ou les chemins creux en arrière de la première ligne ennemie ont été comblés avec de la terre, si on y a organisé des tranchées ou des entonnoirs, qui peuvent être remplis de déblais. On ne négligera pas les indices que fournit l’emploi de machines (apparition de vapeur d’échappement, bruits se répétant périodiquement). On portera une attention particulière sur les points ayant une importance tactique, et sur ceux d’où peut partir une attaque par exemple les angles saillants, le terrain, situés de part et d’autre d’une grande route, les fermes isolées en première ligne. Les reconnaissances exécutées par les patrouilles ont une grande importance. En ce qui concerne les levers et les observations, on donnera des missions de reconnaissance précises. Les patrouilles seront fournies par l’infanterie et les pionniers. Les missions les plus importantes seront confiées à des patrouilles d’officiers.

    8. L’exploration sous terre sera exécutée par un service des écouteurs organisé méthodiquement. (V. 45 à 54). En ce qui concerne le service important des écouteurs, on donnera des instructions convenables, adaptées aux circonstances locales.

    9. Il est important de contrebattre les entrées en galeries de l’ennemie. De même que les mortiers, les lance-bombes lourds et moyens sont particulièrement indiqués. Si l’entrée en galerie ennemie se trouve dans une sape poussée en avant, on pourra procéder utilement à des entreprises nocturnes (enfumement et destruction avec des tubes incendiaires, grenades à main et charges d’explosifs).

    INSTALLATION D’UN SYSTÈME DE MINES.

    10. Si on dispose de temps, on recommande de se procurer, pour l’installation d’un système de mines, les levers géologiques d’où l’on peut tirer des conclusions sur la disposition des couches du terrain ou, s’ils font défaut, de les remplacer par des sondages pour lesquels on fera appel, autant que possible, à des géologues. La figure 1 donne un exemple de l’adaptation d’une galerie de mines aux couches du terrain.

    11. On déterminera la profondeur des galeries de manière à ce que l’on, fasse toujours sauter les galeries de mines ennemies par en dessous. Le régime de la nappe souterraine exercera souvent son influence sur la profondeur des galeries. Où il n’y a pas à en tenir compte, des profondeurs de 15 à 25 mètres ont été reconnues les plus favorables.

    12. Le nombre des galeries et les intervalles à laisser entre elles seront déterminés d’après la nature du sol et sur des considérations basées sur la propagation du bruit provenant des travaux souterrains. Il faut, d’une part, éviter que l’ennemi ne puisse, sans être découvert, glisser des galeries de mines entre les nôtres et, d’autre part, pouvoir agir sur lui avant qu’il ait pu faire jouer un fourneau dangereux pour notre position. Il ne faut pas compter que toutes les galeries s’approcheront de l’ennemi. Il faudra, par suite, contre certains points importants de la position ennemie, diriger toujours plusieurs galeries. L’installation de deux systèmes de mines l’un au-dessus de l’autre, dans le cas d’une grande activité souterraine de l’ennemi, a donné d’excellents résultats. Le système supérieur, à une profondeur de 10 à 15 mètres, est utilisé pour s’opposer aux attaques probables de l’ennemi, tandis que le système inférieur, à une profondeur de 25 mètres, est destiné à l’attaque, au moyen de très grosses charges, si le système supérieur ne peut être poussé jusqu’en dessous de la position ennemie. La figure 2 donne une représentation schématique de ce double système.

    figure 1

    13. Les entrées en galerie peuvent être pratiquées en un point quelconque des tranchées ; on recommande cependant l’organisation d’un logement des mines spécial. Il n’est pas avantageux d’installer celui-ci un peu en avant de notre ligne la plus avancée, il sera préférable qu’il débouche dans les lignes situées en arriète ou dans un boyau de communication.

    14. La reconnaissance de la disposition des couches, du sol permettra également de déterminer si l’accès aux galeries de mines devra se faire par puits verticaux ou inclinés. Dans ce dernier cas, la galerie partira d’un logement des mines à l’épreuve, même bétonné, et on la poussera, soit en gradins, soit en puits incliné à la profondeur voulue. Les entrées devront être protégées par du béton ou des rails de chemin de fer. Les gradins et les puits inclinés facilitent la ventilation, mais ils présentent l’inconvénient d’accumuler les eaux en tête de galerie. Dans le logement des mines, il faudra, en conséquence, procéder à l’évacuation des eaux externes. En aucun cas, il ne faudra mettre un système de mines en communication avec des abris servant de logement ou avec les galeries qui y donnent accès, pour éviter que les gaz provenant des explosions n’y pénètrent. Dans les terrains fortement aquifères, les puits et galeries construits d’après les indications de la figure 3 ont donné de bons résultats.

    figure 2

    15. Si l’on dispose de temps, on recommande d’installer les logements de mines de manière à ce qu’ils aient une couverture de terre d’au moins 5 mètres d’épaisseur. Les relèves peuvent s’y reposer, les ventilateurs et les outils de réserve, ainsi que les déblais, peuvent y être entreposés jusqu’à la tombée de la nuit. Ceci est très important, car l’imprévoyance dans le transport régulier des sacs à terre pendant le jour peut facilement trahir à l’adversaire la situation des galeries ou, ce qui est plus grave l’intention de procéder à une guerre de mines. Les logements des mines souterraines doivent avoir deux issues.

    figure 3

    16. On calculera la longueur des galeries de façon que les explosions ne détériorent ni la tranchée amie, ni son réseau de fil de fer.

    17. Les circonstances déterminent s’il y a lieu de construire des ramifications dans les galeries. En général, la construction de ramifications n’est avantageuse que dans le cas de dispositifs de mines très étendus. On ne fera pas partir plusieurs ramifications du même point pour que, en cas d’explosion amie ou ennemie, plusieurs galeries ne soient pas endommagées.

    18. Il est, la plupart du temps, avantageux de construire des galeries transversales. Elles rendent difficile à l’adversaire une progression dissimulée, parce qu’elles facilitent le service des écouteurs ; elles donnent la possibilité de contre-miner immédiatement, en partant d’un point quelconque et dans le temps minimum, les travaux de mines ennemis qui auraient pu être identifiés. Les gaz toxiques, par les galeries transversales, se répandent dans tout le système ; d’un autre côté, ils conduisent à une ventilation plus rapide. Ces galeries permettent d’installer en sécurité les conducteurs électriques pour la ventilation, l’éclairage, la force motrice et l’évacuation des eaux. Autant que possible, elles doivent se trouver éloignées de plus de 25 mètres de la position amie. On commence leur construction aux endroits où les lignes ennemies sont le plus rapprochées. Au cas où l’ennemi mènerait une guerre de mines très active, il peut être indiqué d’installer des groupes de galeries pour que, si l’adversaire parvenait à en couper une, il ne tombe entre ses mains que des fractions du système de mines.

    19. On ne pourra conduire pratiquement la guerre de mines que si l’on dispose d’un plan des cheminements souterrains à grande échelle, sur lequel on porte, au fur et à mesure, les travaux exécutés et ceux que l’on suppose avoir été exécutés par l’ennemi. De la sorte, il ne se produira aucun à-coup au moment des relèves. Les parcs de pionniers disposent d’appareils pour l’évaluation des mesures souterraines. Le matériel de géométrie souterraine a donné d’excellents résultats (compas renversé, arc gradué, etc.).

    ORGANISATION DU SERVICE.

    20. Le nombre des travailleurs sera calculé largement. S’il n’en était pas ainsi, ou courrait le risque de perdre l’avantage qu’on aurait pu gagner sur l’adversaire ou de ne pas atteindre le but qu’on se propose. Les mineurs seront armés de pistolets et de poignards.

    21. Dans beaucoup de cas, les pionniers disponibles ne suffiront pas. Leur renforcement par de forts détachements de mineurs de profession prélevés sur toutes les armes s’impose et a donné de bons résultats. Ces détachements, sous la conduite d’officiers qui, autant que possible, appartiennent à l’industrie minière, et sous la responsabilité des officiers de pionniers des secteurs, assureront le service des mineurs.

    22. L’avancement journalier dépend de la nature du terrain, de la section des galeries et des mesures prises pour la ventilation. Il oscille entre 2 m. 50 et 6 mètres.

    23. Pour augmenter le rendement, il faut procéder à des relèves fréquentes. Les durées de travail les plus avantageuses sont de huit à douze heures avec trois tours de service. Dans toutes les circonstances, il faudra constituer trois tours de service. Quand les travailleurs doivent exécuter de longues marches, le changement d’équipes se fera fréquemment, la durée du travail sera de vingt-quatre heures suivi d’un repos de quarante-huit heures.

    24. Dans chacune des galeries et suivant leur longueur, deux à six hommes travaillent sous la direction d’un chef de galerie responsable de l’avancement de la construction suivant les règles et du maintien de la direction assignée.

    25. Trois ou quatre galeries seront placées sous le commandement d’un sous-officier, responsable de l’arrivée et du départ de ses hommes, ainsi que de l’arrivée du matériel et des outils. Il doit veiller à ce qu’on ne parle jamais à haute voix dans la galerie, tout au plus à voix basse et que l’on observe scrupuleusement les pauses d’écoute prescrites. Si l’on entend travailler dans une de ses galeries, il devra faire suspendre immédiatement le travail et exécutera des essais d’écoute conjointement avec les galeries voisines. Il en rendra compte sans délai à l’officier et au feldwebel de service. Chaque sous-officier, quand son service prend fin, se présente personnellement au feldwebel de service et lui remet un compte rendu écrit du travail exécuté.

    26. Quatre ou cinq sous-officiers de service sont subordonnés à un feldwebel de service. Celui-ci répartit le travail au moment où il prend la garde et donne aux différents sous-officiers les instructions spéciales qui les concernent. Les feldwebels de service sont adjoints à l’officier de service pour la surveillance des travaux de mines. Au moment de la relève, ils font personnellement un compte rendu du travail exécuté.

    27. L’ensemble des galeries d’un dispositif dépend, au point de vue technique, de l’officier de service qui surveille la construction des galeries et les défend contre les attaques souterraines de l’ennemi. Il doit être facile à trouver et ne pas se déplacer sans être accompagné Si on lui rend compte d’indices faisant prévoir une attaque souterraine ennemie, il prend, de lui-même, toutes les mesures techniques destinées à y parer, tandis que le chef de la troupe menacée donne les instructions nécessaires. Le commandant de secteur et l’officier de pionniers, directeur des travaux, seront avertis quand on devra faire jouer un ou plusieurs fourneaux. En cas de danger pressant, l’officier doit donner l’ordre d’explosion, sans attendre des ordres ultérieurs. A l’officier de service, sont subordonnés tous les détachements spéciaux : d’explosion, de pompes, de sauvetage, de parc. Il tient le journal de mines sur lequel on reporte les comptes rendus des feldwebels de service.

    CONSTRUCTION DES GALERIES.

    28. On revêtira les galeries avec de solides châssis coffrants. Dans l’argile et dans le roc, on peut se passer, en tout ou en partie, de revêtement, mais cette manière d’opérer a, comme conséquence, après de grosses explosions ou un violent feu d’artillerie, des éboulements continuels. Ce n’est que là où, d’après la situation tactique, l’avancement le plus rapide possible sera décisif et où un violent feu d’artillerie n’est pas à prévoir ou, à cause de la grande profondeur, n’est pas à redouter, que l’on pourra, dans un terrain très consistant, renoncer au revêtement ou qu’un revêtement partiel suffira. Dans le premier cas, le profil ci-dessous a donné de bons résultats.

    29. En général, le grand châssis coffrant de 0m80 / 1m20 est le plus indiqué. De grands mouvements de déblais exigent, il est vrai, des dimensions encore plus grandes, mais on les recommande quand on dispose de suffisamment de temps dans le cas de galeries où l’on circule beaucoup. Dans les longues galeries, on pratiquera, tous les 16 à 20 mètres, des deux côtés, de petites chambres où l’on entreposera les matériaux de bourrage et les explosifs. Dans les puits, toutes pièces des cadres seront contreventées entre elles, les différents cadres le seront également entre eux. Dans la zone d’ébranlement des anciennes galeries d’explosion, on portera l’équarrissage des cadres de 5 à 8 centimètres. Dans les galeries qui sont établies dans un terrain peu consistant et où l’on doit circuler pendant longtemps, on recouvrira le sol de planches, autrement celui-ci s’enfoncerait à la longue (figure ci-dessous)

    30. pour la traversée de couches de sables fortement perméables (sables fluents ou sables de rivière) au moyen de puits (voir fig. 1 ci dessous), on utilise des cadres coffrants. Le cadre le plus bas reçoit un tranchant en fer cornière, on l’enfonce au moyen d’une charge de sacs à terre et au moyen de crics de voiture ; on épuise avec une pompe spéciale le sable qui afflue. Ou bourre fortement avec des sacs à terre ou de la terre bien sèche, les cavités qui prennent naissance en dehors des cadres par suite de la fluidité du sable. Pour obtenir un orifice de puits complètement sec, on met d’abord en place un châssis coffrant de 1 m. 60/ 1m. 80, puis on introduit dans le puits un châssis de 0om.80 /1 m. 20 et on bourre l’intervalle entre les deux châssis avec du ciment. Un solide contreventement des cadres est indispensable.

    figure 4

    31. Dans la construction de galeries dans des couches aquifères et dans la nappe souterraine, des cadres doubles ou triples avec interposition de chiffrons goudronnés ou de carton bitumé ont donné de bons résultats.

    32. Pour les travaux dans les couches aquifères, il faudra se munir en temps voulu de vêtements imperméables.

    33. On exécute les travaux préparatoires avec le matériel de mines ordinaire (voir règlement sur les explosifs 257). On a constaté qu’il était bon que chaque équipe ait ses outils propres qu’elle emporte au cantonnement et qu’elle répare elle-même.

    34. Des explosions exécutées au moyen de forages peuvent accélérer le travail dans le roc dur, mais on doit les éviter à proximité de l’ennemi. Pour accélérer le travail, on recommande d’utiliser des machines perforatrices. Si le terrain le permet, on préfèrera les machines opérant par rotation à celles agissant par martellement (marteaux) et celles-ci aux perforatrices sur affut, puis les machines actionnées électriquement à celles mues par l’air comprimé. Comme indication : a) Perforateurs rotatifs à bras actionnés électriquement avec fleurets de 4 centimètres de diamètre environ quand le roc permet un forage par rotation. Pas de bruit.
    b) Marteaux perforateurs, bruyants. Les marteaux perforateurs électriques exigent peu de force (environ 1 kilowatt) ; utilisables dans le roc dur. Les marteaux perforateurs à air comprimé exigent plus de force (environ 5 kilowatts), utilisables aussi dans le roc le plus dur.
    c) Perforatrices sur affuts, bruyantes, plus lourdes et plus grandes, par suite utilisables dans les galeries à grande section. Les électriques exigent 1 kilowatt environ ; utilisables dans le roc le plus dur. Les perforatrices sur affût à air comprimé exigent 10 kilowatts ; moins indiquées par suite que les électriques.

    35. A proximité de l’ennemi, il faut travailler avec le moins de bruit possible. On y arrivera tout d’abord en exerçant convenablement les hommes, puis surtout en détachant les masses de terre avec la baïonnette ou avec une langue de bÅ“uf (au lieu de les abattre en bloc), en évitant de frapper sur du bois, en particulier sur les pièces de cadres et sur les coins. Où cela est absolument nécessaire, on amortit le son par l’interposition de rondelles de feutre. Les fers cornières mentionnés dans le n° 263 du Règlement sur les explosifs ont donné de bons résultats. Tous les hommes qui circulent dans les galeries doivent mettre des souliers en paille, en feutre ou des sandales de gymnastique. L’évacuation des déblais au moyen de charriots de mine, s’entend de très loin, si l’on n’a pas entouré les roues de caoutchouc ou de cuir. On recommande de ne pas répandre de la paille ou de la terre sur le sol des galeries pour ne pas vicier l’air. En évitant soigneusement tout bruit, on a pu arriver à ce que le travail exécuté dans deux galeries distantes de 0m.75 l’une de l’autre n’ait été rendu perceptible d’aucunes d’elles. Par contre, quand on frappe sur les cadres en bois, le bruit se répand au loin.

    ÉVACUATION DES DÉBLAIS.

    36. De fortes levées de terre, de couleur différente de celle environnante, trahissent dans la position le travail du mineur. Par suite, on devra, malgré le surcroit de travail que cela occasionne, accumuler les déblais en arrière de telle sorte qu’ils n’attirent pas l’attention de l’ennemi. Cette évacuation est facilitée par l’existence de tranchées, d’abris abandonnés que l’on peut combler ; au besoin, on peut creuser des fossés spéciaux.

    37. Le mieux est d’évacuer les déblais au moyen de sacs à terre. Ceux-ci ne doivent pas être remplis par l’homme placé en tète du travail, mais par un homme eu arrière. Le premier n’a qu’à détacher la terre et la rejeter immédiatement derrière lui. S’il doit remplir lui-même les sacs, le rendement de son travail diminue notablement.

    38. Pour le transport des sacs à terre remplis, les brouettes à deux roues ainsi que les câbles transporteurs ont donné de bons résultats.

    ÉVACUATION DE L’EAU.

    39. On épuise l’eau des puits construits d’après les indications de la fig. 3 ci-dessous en la pompant au moyen de pompes foulantes à main (pas à membrane) ou par des pompes centrifuges électriques et en l’évacuant par des tuyaux ou des boyaux de 4 à 5 centimètres de diamètre, assez loin pour qu’elle ne puisse pas revenir dans la galerie. Il faut éviter les longues conduites de boyaux.

    VENTILATION.

    40. Les galeries, dans lesquelles ne sont pas intercalés des puits, n’ont pas besoin de ventilation spéciale, quand leur longueur ne dépasse pas 40 à 60 mètres suivant la nature du terrain. En évitant les procédés d’éclairage qui produisent de la fumée, on favorise la salubrité des galeries. On ne pourra envisager la possibilité de pratiquer des évents de ventilation que si l’air chaud qui s’en échappe ne trahit pas le système de mines. Toutefois cette ventilation naturelle est bonne. Les forages doivent être conduits obliquement vers l’arrière et être bourrés pendant le travail de nuit afin que le bruit et la lueur ne puissent être perçus par les patrouilles ennemies.

    41. Pour la ventilation artificielle, on n’emploiera que des ventilateurs à bras faisant peu de bruit ou des ventilateurs électriques. Les ventilateurs à bras Dinnendahl, Danneberg et Quandt ont donné de bons résultats. Dans les longues galeries, les ventilateurs électriques sont notablement plus efficaces. Ils sont livrés pour toutes les sortes de courants et pour toutes les tensions avec une dépense de 1/2 kilowatt environ. La canalisation peut servir également pour l’aspiration et le refoulement. Les soufflets ordinaires, ceux des appareils de protection contre la fumée peuvent servir de moyens de fortune pour envoyer l’air frais. Les tuyaux métalliques employés pour la ventilation pour être étanches doivent être installés avec beaucoup de soin, surtout si l’on emploi des ventilateurs à bras. Les boyaux revêtus d’une garniture en fil métallique qui sont utilisés surtout pour la réunion des tuyaux métalliques aux courbes très accentuées, sont plus commodes à placer, mais ils causent des frottements notablement plus grands. En général, l’air frais est envoyé dans les galeries ; si l’on aspire l’air vicié, les gaz qui se trouvent dans le sol et ceux qui proviennent des explosions se répandent dans les galeries. Le ventilateur doit être installé dans de l’air réellement frais ou être en relation avec de l’air frais au moyen d’une conduite d’aspiration.

    42. On recommande de tenir en tête du travail une petite bouteille d’oxygène d’au moins 10 litres de capacité, contenant 1 cmc, 2 d’oxygène sous une pression initiale de 120 atmosphères.

    43. Après chaque explosion, on mettra immédiate ment en marche la ventilation artificielle de manière à pouvoir reprendre le travail aussi rapidement que possible.

    ECLAIRAGE.

    44. En ce qui concerne l’éclairage, il y a lieu de considérer :

    a) Les lanternes à bougie, à pétrole, à huile et à carbid, les lampes de sûreté à essence, carbid ou béagid.

    b ) Les lampes électriques et l’éclairage électrique. Les lanternes et les lampes mentionnées à a) peuvent être employées sous ventilation artificielle pour une longueur de galerie allant jusqu’à 70 mètres ; leur emploi continu est possible, si on dispose d’une bonne ventilation artificielle. En cas d’arrivée insuffisante d’oxygène, toutes les lanternes à huile et à bougie produisent beau coup de fumée et vicient l’air ; il en est de même aussi des lampes de sûreté ; les lampes à pétrole ou à essence ne sont pas sans danger quand elles se brisent. L’éclairage électrique sera toujours plus avantageux ; le meilleur sera celui obtenu avec des lampes de mine électriques et de sûreté, d’une durée de combustion de 8 à 12 heures. On ne pourra cependant les employer que là où l’on dispose de force électrique pour recharger les accumulateurs. Dans certains cas, on pourra utiliser des lampes constituées avec des éléments d’une combustion d’au moins 8 heures. L’organisation d’une installation fixe d’éclairage électrique exige l’entretien constant de la canalisation qui aboutit au groupe électrogène. Au moment de charger les fourneaux, on n’emportera que des lampes électriques.

    SERVICE DES ÉCOUTEURS.

    45. Le service des écouteurs est le moyen le plus sûr d’obtenir des renseignements sur l’activité de l’ennemi dans les travaux souterrains. Il doit fonctionner méthodiquement et d’une manière permanente. De son exécution ponctuelle dépendent non seulement la vie des hommes travaillant en tête de galerie, mais aussi celle des hommes occupant la tranchée, et jusqu’à un certain point, la conservation de la position.

    46. Pour écouter, on interrompt le travail en tête de galerie toutes les deux heures pendant 20. à 25 minutes, au moment déterminé par le commandant du secteur, moment qui est porté à la connaissance des travailleurs au changement d’équipes. Il faut éviter un retour régulier des pauses d’écoute. Pendant celles-ci, le silence le plus complet doit régner dans les galeries, tout le monde épie attentivement les bruits qui pourraient déceler un travail souterrain de l’ennemi. On suspend tout choc, tout enfoncement de piquets, etc., dans la tranchée.

    47. Des écouteurs sont placés dans les galeries, à raison d’un dans celles qui sont terminées, de deux dans celles qui sont menacées. Ils ne doivent causer entre eux que s’ils entendent des bruits suspects ; pendant le reste du temps, ils doivent observer le plus profond silence et être constamment aux écoutes. Ils peuvent fumer et on les munit de tout ce qu’il faut pour écrire, de lumière, de montres, de pistolets et de poignards. Celui qui a transmis une communication du poste d’écoute y retourne immédiatement. Les écouteurs alternent toutes les deux heures, avec des hommes des détachements de travailleurs.

    48. Pendant les pauses d’écoute, on déterminera l’existence et la position des galeries ennemies en tirant quelques coups de lance-bombes sur la position ennemie. A nos têtes de galeries, on entend nettement les hommes qui occupent les tranchées ennemies se précipiter dans leurs galeries. On fera sauter celles-ci plus tard, quand on aura, au moyen de quelques nouveaux coups de lance-bombes, contraint l’adversaire à s’y réfugier.

    49. A grande distance, l’approche de l’ennemi peut être décelée par l’emploi de microphones. Les hommes qui doivent les employer seront rompus dans leur maniement et devront être à même de distinguer les bruits provenant d’un travail souterrain de tous les autres. Au moment de l’emploi de ces instruments, en raison de leur sensibilité, le silence le plus absolu devra régner dans un rayon de 100 mètres. Les microphones isolés seront installés aux points exposés pendant les pauses d’écoute, même si on n’y a pas encore perçu de bruits suspects. Les groupes de microphones servent pour la surveillance permanente de plusieurs galeries terminées.

    50. L’oreille est le moyen d’écoute le plus sûr. Un service d’écouteurs est par suite absolument indispensable. A titre d’indication, on pourra utiliser les appareils suivants :

    a) PHONEUDOSCOPE. Cet appareil sert à écouter les travaux souterrains de l’ennemi en tête de galerie. L’appareil doit être posé sur le sol ; si on le porte, il est impossible de tenir la main absolument immobile et il se produit des bruits parasites de nature à troubler l’observation. Les extrémités libres des tuyaux d’écoute sont introduites dans l’oreille et maintenues solidement au moyen d’olives en ébonite ou en verre. L’emploi de ces appareils exige un certain apprentis sage.

    b) APPAREILS D’ECOUTE. Ils soutiennent et facilitent l’observation acoustique en tête des galeries ; ils donnent la possibilité, au cas ou un fourneau chargé est prêt à être mis en action, d’observer d’un endroit situé en dehors des galeries l’approche de l’ennemi et d’attendre ainsi le moment propice pour la mise de feu. Les appareils d’écoute comportent généralement un microphone installé en tête de la galerie et qui est destiné à la perception des bruits résultant du travail des mineurs ennemis, un double conducteur, un téléphone de tête placé en dehors de la galerie, et une batterie. En réunissant plusieurs conducteurs en un groupe, il est possible de faire des opérations successives et rapprochées, de comparer entre eux les bruits perçus et d’établir ainsi quelle est la plus rapprochée des galeries où l’on travaille. On organisera les groupes normaux de manière à ce que les conducteurs de 10 galeries puissent être réunis. Les appareils isolés peuvent être utilisés en tête de galerie. Les instruments suivants sont actuellement en usage : 1° Système Edelmann ; 2° - Schmidtmann (1) ; 3° - Knieriem ; 4° - Waetzmann. Comme le rendement de ces divers systèmes diffère suivant la nature du sol et le but que l’on se propose, il faudra dans chaque cas déterminer par des essais pratiques


    (1) On ne peut plus se procurer le système Schmidtmann.


    le système susceptible de donner les meilleurs résultats. Les premier et deuxième systèmes permettent de percevoir les bruits à 20 ou 40 mètres de distance ; les troisième et quatrième, à 40 ou 80 mètres. Tous peuvent être employés à l’écoute en tête de galerie ou en un point quelconque, au moyen de conducteurs.

    52. On ne peut donner d’indications précises sur les distances auxquelles on peut percevoir les bruits résultant de travaux de mines. Ce n’est qu’en procédant à des observations sur place dans nos galeries que l’on pourra en déduire des résultats utilisables. D’après les résultats des observations d’épreuve, on organisera, suivant les circonstances, le service des écouteurs de telle sorte qu’il soit exécuté mètre par mètre, dans les galeries.

    53. Suivant les circonstances, l’observation du régime de la nappe souterraine permet de tirer des conclusions relativement aux travaux de mines ennemies. Si l’eau disparaît dans quelques galeries, on peut en conclure qu’une galerie ennemie située plus bas absorbe l’eau.

    54. On subordonnera avantageusement l’ensemble du service des écouteurs à un officier chef des écouteurs, qui se tient en permanence en première ligne. Cet officier surveille l’activité des postes d’écoute, se rend compte de l’état du niveau d’eau qu’on aura pu organiser (V. fig. 5), donne des ordres pour l’installation des microphones, ainsi que les instructions nécessaires pour faire maintenir le silence dans les tranchées et pour assurer la continuité du travail.

    EXPLOSION.

    55. Sur les comptes rendus du service des écouteurs, on décidera, s’il y a lieu , soit de faire jouer un fourneau immédiatement en partant des galeries existantes, soit de contre-miner encore l’ennemi, afin de la prendre plus surement : la situation dictera la décision à prendre. En général, si on a des galeries en nombre suffisant, il vaudra mieux faire jouer un fourneau inutilement que de laisser arriver les choses au pire. Quelques explosions agissent favorablement sur la troupe. Si l’ennemi a été reconnu, en dessous de nos galeries, il faut agir vite.

    figure 5

    56. Sur la position ennemie, on emploiera des fourneaux surchargés pour obtenir les effets les plus puissants et gagner une nouvelle position. (Règlement sur les explosifs 174 à 178). La construction d’un puits ou d’une galerie parallèle en arrière du bourrage du fourneau prêt à jouer, permettra de pousser immédiatement en avant de nouvelles galeries et d’assurer ainsi la sécurité souterraine de la position qu’on a conquise.

    57. La défense peut faire usage de camouflets pour conserver ses propres galeries et ne pas produire d’entonnoirs dans lesquels l’assaillant s’établirait (Règlement sur les explosifs 167 ). Cette façon d’opérer ne doit pas conduire à l’emploi de charges trop faibles qui n’endommageraient que peu les galeries ennemies et ne retarderaient les travaux de mines de l’adversaire que d’une manière insignifiante. En terrain rocheux, avant tout, de fortes charges sont nécessaires au risque même de provoquer des entonnoirs. Des camouflets dans des forages ne donnent que peu de résultats.

    58. Si c’est possible, on cherchera à faire agir le fourneau latéralement à la galerie ennemie parce qu’ainsi on obtiendra une action destructive plus puissante que si on agissait en tête de la galerie ennemie. Un fourneau de tête détruira plus notre système de mines que celui de l’ennemi.

    EXPLOSIFS.

    59. On emploie plutôt les explosifs de sûreté. Dans la terre, la poudre produit, il est vrai, des effets plus puissants, mais le transport de la poudre dans des sacs n’est pas sans danger et prend beaucoup de temps ; pendant le chargement, l’air se vicie déjà dans la galerie, et après l’explosion, on se débarrasse plus difficilement des gaz de la poudre que de ceux provenant des explosifs de sûreté. Mais en mélangeant, par moitié, la poudre et l’explosif de sûreté, on augmente les effets de l’explosion. On emploiera avantageusement pour la mise du feu quelques pétards 88 ou 02. L’emploi de l’air liquide n’a pas encore été sanctionné par des expériences en nombre suffisant. L’air liquide a l’avantage de ne pas produire de gaz délétères et d’être produit à bas prix, mais il est d’un maniement difficile.

    CHARGEMENT

    60. En général, il suffit, dans la glaise et dans la craie, de prendre pour c une valeur variant de 1,3 à 1,7 au lieu de la valeur 3 donnée dans le règlement sur les explosifs. Plus la profondeur sera grande et plus petite sera la valeur de c. Cette valeur devra être augmentée dans le cas d’un terrain meuble ou irrégulier.

    61. Il sera avantageux de diviser les grosses charges en charges élémentaires étanches ne dépassant pas 25 kilogrammes.

    62. On entreposera les explosifs, les artifices et les matériaux de bourrage dans le logement des mines et, suivant le circonstances, encore plus en avant, de manière à être prêt, en tout temps, à faire des explosions.

    63. Un bourrage exécuté soigneusement est de la plus grande importance. Il doit, autant que possible, être égal à W. Pour des charges à installer rapidement, un bourrage en sacs à terre suffit. A cet effet, il est avantageux d’entreposer ceux-ci, contre une des parois de la galerie ou dans des élargissements spéciaux. Si on dispose de temps, il faudra intercaler des masques, tous les 1m50, dans le bourrage des sacs à terre. Pour les fortes charges d’explosifs de sûreté, en cas de nécessité, on pourra recourir au bourrage ; toutefois notre galerie pourra dans ce cas être sérieusement endommagée. Si l’on emploie de la poudre noire, un bon bourrage est toujours indispensable.

    64. Dans un système de mines défensif, on ne recommande pas de charger les fourneaux longtemps à l’avance en vue de se défendre contre une attaque ennemie , parce que, par suite de l’humidité, ils peuvent devenir inutilisables. Il est préférable de tenir les charges prêtes et de ne les mettre en place que si des indices d’attaque se manifestent.

    65. En aucun cas, on ne suspendra les travaux pendant la mise en place des charges, sous prétexte de ne pas attirer l’attention de l’ennemi. Du bruit en arrière ou dans une galerie voisine au dernier moment peut tromper l’ennemi.

    66. Le nombre des charges à intercaler sur un même circuit doit être, autant que possible, limité. Même dans le cas de nombreux circuits élémentaires, on peut obtenir une mise de feu simultanée avec des montres bien réglées ou des signaux.

    67. On doit éviter pour les circuits d’explosion, la proximité des conducteurs de lumière électrique en raison de la production possible de courants d’induction et du danger d’une mise de feu prématurée que ceux-ci pourraient provoquer.

    CONDUITE EN CAS D’EXPLOSION.

    68. Dans les cas d’explosions à moins de 50 mètres en avant de la tranchée ou dans l’attente d’un explosion ennemie, on réduira le nombre des hommes qui occupent la tranchée la plus avancée au strict minimum et l’on fera retirer le reste des troupes dans les lignes situées en arrière. Ces hommes se tiendront prêts à combattre.

    69. Si les galeries voisines peuvent être endommagées par l’explosion, on les bourrera de sacs à terre et on les contreventera.

    70. Le commandant des troupes fixe la manière dont seront occupés les entonnoirs. Si l’entonnoir doit être occupé, on recommande souvent de n’occuper que le bord intérieur ; un détachement spécial qui aura été tenu prêt, établira immédiatement un boyau de communication.

    71. Après avoir donné le camouflet au système de mines ennemi, il faut compter sur l’existence d’une charge déjà mise en place ; si l’on n’a pas la certitude qu’elle a été dispersée par la force de l’explosion, on devra la rechercher. Car, s’il n’en était pas ainsi, il serait facile à l’adversaire de retrouver les conducteurs d’explosion, de les vérifier et, au cas où je circuit serait en état, d’exécuter la mise de feu ; sans qu’on puisse soupçonner son travail.

    72. Si l’on entend des bruits indiquant que, du côté ennemi, on travaille à proximité immédiate de la tête de notre galerie, en général, ce sera le moment de faire jouer un fourneau. S’il arrive que les deux galeries se rencontrent, on pourra, la plupart du temps, opérer avec succès de la manière suivante : les mineurs, en tête de galerie, armés en principe de pistolets, se munissent, en sourdine, de cylindres incendiaires, d’une charge d’explosif amorcée et de sacs à terre. Si l’adversaire fait irruption, on l’abat à coups de pistolet, puis on pénètre aussi loin que possible dans les galeries ennemies, on élève une barricade en sacs à terre, à travers laquelle on jette au dernier moment les cylindres incendiaires, enfin on dispose la charge, on la bourre et on y met le feu. A côté de l’utilité pratique, cette manière d’opérer exerce une grosse influence sur le moral des pionniers ainsi que sur celui des troupes du secteur, tandis qu’elle déprime l’adversaire. La sortie de la fumée dans la position ennemie permet de déceler les entrées de galerie qui peuvent être arrosés de projectiles.

    73. Si à proximité immédiate de notre position, on a reconnu des travaux de mines ennemis, on procédera à l’établissement d’un système de contre-mines ; on fera évacuer, en outre, l’infanterie sur une largeur de 30 à 40 mètres de l’endroit menacé ; puis les tranchées seront munies de barricades de sacs à terre et de fermetures pouvant être installées rapidement. De plus, on tiendra prêts, à proximité de l’emplacement probable où jouera le fourneau ennemi, des détachements armés de grenades à main, de mitrailleuses et des lances-bombes. On donnera l’alerte aux troupes de piquet voisines et on les portera dans la direction de l’emplacement du fourneau. L’artillerie se tiendra prête à ouvrir, au premier signal, un tir de barrage sur les tranchées ennemies. Plusieurs fois, une demi-heure ou une heure après une première explosion, l’adversaire en exécute une deuxième et une troisième pour surprendre les troupes occupées aux réparations.

    74. Si l’adversaire a réussi à faire jouer un fourneau sous notre position, il faut rechercher immédiatement la galerie d’attaque ennemie pour empêcher que de là des rameaux soient poussés en avant pour y installer de nouvelles charges.

    SERVICE DE SAUVETAGE.

    75. L’oxyde de carbone qui prend naissance dans l’explosion des fourneaux ennemis peuvent tuer en quelques secondes. Ces gaz ne pénètrent souvent dans les parties non touchées par l’explosion que très longtemps après. Le roc crevassé favorise l’accès des gaz.

    76. Par suite, partout où il faut compter avec des explosions de l’adversaire, il faut mettre à portée immédiate de tous les hommes travaillant dans les galeries des moyens de protection en suffisance. On devra exercer tous les hommes à attacher des cordes, à transporter les malades, à employer la respiration artificielle, à se servir des appareils de sauvetage. Aucun homme, même muni d’un appareil de sauvetage, ne doit circuler, sans être attaché, dans une galerie dans laquelle ou à proximité de laquelle, l’ennemi a fait jouer des fourneaux. La corde doit entourer la poitrine en laissant aux bras leur liberté de mouvement. On n’emploiera que des cordes irréprochables. Les nÅ“uds devront être faits solidement.

    77. Les appareils à oxygène ne sont signalés que pour mémoire. Ces appareils se dérangent pendant le travail. On doit, par suite, s’efforcer de débarrasser le plus tôt possible la tête de la galerie des gaz délétères par l’adduction d’un fort courant d’air frais. On n’obtient pas le but cherché en débouchant des ballons d’oxygène, car, malgré la présence de ce gaz, on ne peut empêcher l’effet nocif de l’oxyde de carbone.

    78. Les appareils ordinaires de protection contre les gaz, employés dans les tranchées de tir, ne sont pas indiqués dans les systèmes de mines, car les produits qui entrent dans la confection des masques, ne protègent pas contre l’oxyde de carbone.

    79. On placera dans les logements des mines ou dans des abris spécialement désignés des détachements de sauvetage munis d’appareils de protection et on munira les postes de secours, à proximité des emplacements minés, d’appareils respiratoires à oxygène et dans les longues galeries, on entreposera aussi dans des niches des appareils de sauvetage.

    Berlin , le 19 avril 1916. Pour le Ministre de la Guerre, VON WANDEL.